-
Sa Majesté le Roi félicite le Serviteur des deux Lieux Saints de l'Islam à l'occasion du 10ème anniversaire de l'allégeance
-
Variabilité et changement climatique en Afrique: Impacts, adaptation et résilience
-
Entre la FNS et le gouvernement, le courant a trop de mal à passer
-
SM le Roi félicite M. Mark Rutte suite à sa nomination au poste de Secrétaire général de l’OTAN
-
Le rapport de Guterres met à mal les séparatistes et leurs commanditaires
Des mesures préventives capitales, à l’aune des risques de déperdition que la bactérie fait planer sur plusieurs espèces végétales, mais aussi sur le plan économique et social. Pour mieux la cerner, nous faisons le point avec le Docteur Soukaina El Massoudi, du Laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement, relevant de la Faculté des sciences et techniques de Fès.
Présente aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique du Sud (Pérou, Argentine, Mexique, Brésil et Venezuela) et en Asie (Taïwan et Iran), la bactérie Xylella fastidiosa, signalée également en Europe et notamment en Italie, où des milliers d’oliviers ont dépéri, est une maladie bactérienne fortement épidémique. Elle représente une menace pour «plus de 350 espèces végétales arboricoles, ornementales et forestières telles que l’olivier, les agrumes, la vigne, l’amandier, le prunier, le pêcher, le chêne, l’acacia, le laurier-rose, le romarin, le géranium, le rosier, etc », nous explique le Docteur Soukaina El Massoudi.
Si la Xylella fastidiosa est présente quasiment sur toute la surface du globe, c’est à cause des multiples vecteurs à l’origine de sa dispersion. D’après notre interlocutrice, elle peut être véhiculée d’un lieu à l’autre, grâce «tout d’abord aux plantes et/ou à des parties de plantes hôtes infectées. Ensuite, aux insectes vecteurs infectieux dont les cigales. Mais encore, à travers la multiplication, l’exportation et la plantation de plants contaminés, ce qui constitue un risque important de dissémination, contrairement aux outils provoquant des blessures, dont le mode de transmission n’a pas été décrit comme très efficace ». Des caractéristiques corroborées par les mesures préventives indiquées par l’ONSSA dans son communiqué. A savoir : l’exigence d’une autorisation préalable pour toute importation de plantes ornementales ou fruitières et la suspension de l’importation des plants des espèces hôtes de « Xylella fastidiosa » à partir des zones contaminées. Sans oublier les voyageurs à destination du Maroc, qui sont invités d’une part à s’informer au préalable auprès de l’ONSSA sur les conditions d’importation et d’autre part à éviter de transporter, sans documents, tout type de végétaux.
Pour le Docteur Soukaina El Massoudi, et bien que les symptômes de la maladie ne soient pas spécifiques ou confondus avec d’autres, « ils se manifestent par des brunissements et des dessèchements foliaires plus ou moins généralisés, pouvant conduire à la mort de la plante infectée. Un brunissement des tissus vasculaires par Xylella fastidiosa est également visible sur le bois après une coupe transversale de la branche». Cela dit, elle précise que «c’est la rapidité de l’évolution de ses symptômes qui peut attirer l’attention sur l’éventuelle présence de la bactérie». Et ce n’est pas tout. D’autres symptômes peuvent se manifester selon l’espèce végétale. Par exemple, des brûlures foliaires et le desséchement des rameaux suivis de la mort du sujet attaqué, dans les cas graves (vigne, olivier, laurier-rose, amandier, chêne, platane, etc.). Ou encore, dans les cas des agrumes, une réduction de la taille des fruits.
Admettons que, par malheur, un foyer de la bactérie se déclare sur le territoire national, peut-on pour autant l’éradiquer ? A cette question, Soukaina El Massoudi répond par la négative : «A ce jour, il n’existe aucun moyen de traitement chimique efficace ou de lutte préventive et curative pour empêcher le développement de la maladie, si ce n’est l’arrachage et la destruction des plantes contaminées et le contrôle des insectes vecteurs». Une mesure drastique que l’on peut éviter en mettant en œuvre « de bonnes pratiques agricoles, telles que l’utilisation de variétés résistantes et tolérantes, privilégier les barrières végétales non-hôtes autour des parcelles, surveiller les vecteurs et limiter leur population », avance-t-elle.
Quand bien même la Xylella fastidiosa ne présente aucun risque sur la santé humaine, «son introduction, son établissement et sa dissémination au Maroc auront d’importantes conséquences économiques, sociales et environnementales», selon notre interlocutrice. Et d’ajouter : «D’un point de vue économique, la bactérie peut être la source d’un effet domino qui commence par des pertes en rendement, suivies du dépérissement total des cultures, et se termine par la faillite qui débouchera d’un point de vue social sur une perte d’emplois, de sources de revenus, amplifiant, par conséquent, l’exode rural».
Enfin, l’environnement n’est pas exempt non plus. Le Docteur Soukaina El Massoudi souligne que la prolifération de la bactérie aura forcément une incidence désastreuse sur les rendements forestiers, tout comme elle pourrait occasionner une détérioration des paysages végétaux, et donc une perte de la biodiversité des forêts. Laquelle serait amplifiée à son tour, par l’utilisation accrue des insecticides susceptibles d’engendrer des perturbations écologiques.